Bloqueurs de publicités : sont-ils toujours efficaces en 2025 ?
Surfer sur le web sans publicité est devenu presque un luxe. Depuis plusieurs années, les bloqueurs de publicités (ou “adblockers”) connaissent un succès croissant, au point de devenir une habitude de navigation pour des millions d’internautes. Mais derrière cette commodité se cache une réalité plus nuancée : limitations techniques, dilemmes éthiques et bras de fer avec les géants du web. La question peut se poser : en 2025, les bloqueurs de publicité sont-ils encore efficace ?

Sommaire
Un usage massif… et difficile à abandonner
Le manifeste V3 : une transition controversée
Comment fonctionne un bloqueur de publicité ?
Tous les navigateurs ne sont pas logés à la même enseigne
Est-ce que la publicité est une ressource vitale ou nuisance toxique pour internet ?
Le jeu du chat et de la souris
Un usage massif… et difficile à abandonner
En 2023, environ un internaute sur trois utilisait un bloqueur de publicités, selon une étude publiée par Cropink. En 2025, cette proportion reste stable, avec de légères variations selon les régions du monde. Le constat est clair : une fois qu’on commence à naviguer sans pubs, il est difficile de revenir en arrière.
Le confort est immédiat : pages plus légères, moins de distractions, navigation plus fluide. Mais cette fluidité est remise en cause depuis les changements imposés par Google.

Le manifeste V3 : une transition controversée
Depuis 2019, Google a entamé une refonte de son système de gestion des extensions Chrome, connu sous le nom de Manifest V3. Ce nouveau standard est devenu obligatoire courant 2025, remplaçant le Manifest V2.
Concrètement, ce manifeste définit ce que les extensions sont autorisées à faire, et surtout comment elles interagissent avec les pages web. Manifest V3 a introduit une restriction majeure : il empêche certaines extensions, comme les bloqueurs de publicité, d’agir en temps réel pour filtrer le contenu affiché sur une page.
Google justifie ce choix par des raisons de performance et de sécurité, mais de nombreuses voix dénoncent un affaiblissement volontaire des outils de blocage. Les revenus de Google dépendent en grande partie de la publicité en ligne, les voirs lutter contre les outils impactant leur revenus est donc normal.

Comment fonctionne un bloqueur de publicité ?
Mais concrètement, comment fonctionne un bloqueur de publicité ? En quoi le « manifeste V3 » qui fait tant parler de lui les impactent-ils ?
Lorsqu’un utilisateur charge une page web, un bloqueur de publicité fait :
- Une analyse du code de la page pour y détecter des éléments liés à la publicité.
- Compare les ressources chargées (scripts, images, vidéos) à une base de données de serveurs publicitaires connus.
- Bloque l’affichage des éléments correspondants, évitant ainsi qu’ils s’affichent à l’écran.
Les bloqueurs reposent donc sur des listes de filtres mises à jour régulièrement pour suivre l’évolution des techniques de diffusion publicitaire. C’est justement là qu’intervient le fameux « Manifest V3 », car il empêche certaines extensions de traiter ces filtres en temps réel, ce qui nuit à leur efficacité.
Tous les navigateurs ne sont pas logés à la même enseigne
« Je n’utilise pas google chrome et je ne suis pas affecté par ces changements ». Si les choses étaient aussi simple, tous le monde n’en n’auraient pas parler. Nombreux sont les navigateurs basés sur Chromium, le projet open source derrière…Google Chrome ! Parmi les navigateurs les plus connus étant affectés par le Manifest V3, nous avons :
- Google Chrome
- Microsoft Edge
- Opera
- Arc

À l’inverse, certains navigateurs échappent à ces restrictions :
- Firefox, basé sur son propre moteur de rendu (Gecko), permet encore aux extensions classiques de fonctionner pleinement.
- Brave, bien que basé sur Chromium, intègre son propre bloqueur de publicité très performant, qui fonctionne indépendamment des restrictions du manifeste.
- Tor, orienté confidentialité, bloque également une grande partie des éléments intrusifs par défaut.

Est-ce que la publicité est une ressource vitale ou nuisance toxique pour internet ?
Bien sûr, j’aimerai pouvoir écrire que les PUBs ne sont là que pour embêter les utilisateurs. Mais, aussi frustrant que celui puisse être, les publicités sont une part intégrante du web tel que nous le connaissons aujourd’hui. Complètement les éradiquer pourrait bien bouleverser notre internet tel que nous le connaissons
Il faut rappeler que la publicité finance une immense partie du web gratuit. De nombreux sites, y compris les médias indépendants, les blogs ou les créateurs de contenu sur YouTube, dépendent des revenus publicitaires pour exister. Bloquer les pubs, c’est aussi réduire leur source de revenus.
Mais l’argument inverse est tout aussi valable :
- Les publicités sont trop nombreuses, souvent intrusives.
Elles ralentissent le chargement des pages. - Elles sont souvent accompagnées de trackers, qui enregistrent le comportement des utilisateurs à des fins de profilage (voir nos articles sur les cookies et le fingerprinting).
- Elles consomment des ressources, ce qui affecte les performances de nos appareils.
Un exemple bien parlant auquel tous le monde a probablement fait face un jour : sur YouTube, les pubs se chargent parfois plus rapidement que la vidéo elle-même. Il arrive même que la vidéo s’affiche en mauvaise qualité alors que la publicité est diffusée en haute définition. Une Drôle d’ironie qui nous fait nous questionner sur ce que l’on souhaiter visionner initialement.
Certaines options alternatives aux PUBs commencent à être explorées par YouTube notamment avec son abonnement « YouTube Premium » qui propose en échange d’un revenu mensuel, de vous désactiver les publicités sur votre compte. Mais la question peut se poser côté utilisateur : « Est-ce que YouTube et Google plus largement n’aurait pas créer un problème pour proposer une solution payante ? »
Le jeu du chat et de la souris
Alors, le Manifest V3 a-t-il tué les bloqueurs de pub ?
Non, pas complètement. Certains bloqueurs sont aujourd’hui moins efficaces, mais d’autres, plus rusés, ont su contourner les nouvelles restrictions. C’est une course technologique permanente entre les développeurs d’adblockers et les plateformes publicitaires.
Pour celles et ceux utilisant des navigateurs sous Chromium, voici deux des bloqueurs les plus connus :
- AdBlock Plus : développé par une entreprise, il laisse passer certaines publicités dites “acceptables”, ce qui fait débat. Vous n’êtes, par exemple, pas à l’abri que YouTube vous demande de le désactiver pour regarder certaine vidéo.
- uBlock Origin : projet communautaire, reste l’un des plus efficaces, notamment sur YouTube. Il est régulièrement mis à jour et largement recommandé par les utilisateurs avancés.

Qu’est-ce que l’on retient ?
Les bloqueurs de publicités offrent une navigation plus fluide, plus rapide et plus respectueuse de la vie privée. Mais leur usage soulève aussi des questions : peut-on continuer à profiter d’un web gratuit tout en bloquant sa principale source de financement ?
Le passage au Manifest V3 complexifie encore cette relation. Il force les utilisateurs à choisir leurs outils avec plus de discernement, voire à se tourner vers des navigateurs alternatifs.
Naviguer sans publicité, oui. Mais en ayant conscience de ce que cela implique pour l’écosystème du web, c’est encore mieux.