Michaël et l’esprit du Trail

En poussant les portes du magasin PEARL de Sélestat, vous croiserez certainement Michaël dans les rayons, à la caisse ou au point info. Toujours avenant et plein d’énergie, il prend le temps de conseiller les clients vers le bon produit. Il connait son magasin et ses 14000 références par cœur.

Mais revenons un peu en arrière. A la fin de ses études dans le développement informatique, le jeune homme âgé de 21 ans, ne se voyait pas « rester 7h/jour assis devant un écran sans parler et sans bouger ». C’est donc un peu par hasard qu’il a commencé comme vendeur chez Pearl Sélestat. A peine quelques mois plus tard, un peu culotté, il candidate au poste de responsable du magasin. Malgré son jeune âge, son tempérament de fonceur/raisonné séduit, et la direction lui fait confiance. Michaël est resté fidèle à son engagement et 18 ans plus tard, il est toujours responsable de son magasin. Michaël aime relever les défis professionnels, mais aussi personnels !

L’autre endroit où vous risquez de le croiser c’est sur les sentiers de montagne … mais il va falloir s’accrocher pour le rattraper. Michaël est un traileur* de haut niveau !

* Un gars qui fait du Trail, court en montagne … puisque sur le plat, ce n’est plus assez difficile 😉

Il a bien fallu commencer un jour

Si Michaël a grandi dans une famille sportive et pratiquait régulièrement le cyclisme, 2 évènements majeurs vont l’éloigner du sport temporairement. C’est d’abord la naissance de sa fille (couvade) puis la construction de sa maison qui prendra du temps et de l’énergie. Résultat : quelques kilos en trop. « Avec 2 tailles de pantalon en plus » Michaël ne se « reconnaissait plus ».

Il se lance modestement dans la course à pied, une fois par semaine pour commencer et juste 1h, « il se met bien, ça fait mal, il transpire, il ne peut plus marcher le lendemain … mais il se sent défoulé ».

Dès le début, il préfère les sentiers de montagne à côté de chez lui autour de Fouchy plutôt que les bords de route.

J’ai très vite pris goût à mon escapade matinale … peut-être un peu trop

D’une heure, une fois par semaine, le rythme va très vite s’accélérer pour Michaël en passant à au moins 4 séances hebdomadaires. Par contre, pour lui, hors de question de prendre ce temps sur sa vie familiale, ni sur sa vie professionnelle (larges amplitudes horaires et travail le samedi). Comment faire ? C’est impossible ?

Michaël va alors s’imposer une organisation et un rythme de vie, lui permettant de conserver l’essentiel pour lui. Il se lève à 5H30, pour courir dès 5h45 et être de retour pour le petit-déjeuner en famille. Il reconnaît que le rythme a été difficile à prendre et que si la journée commence tôt … elle se termine tôt aussi (vers 22h30 / 23h max). Il faut aussi noter que la météo n’arrête pas Michaël, la pluie, le vent, le froid et la nuit font partie de l’aventure.

Comme si ça ne suffisait pas, Michaël prend régulièrement son vélo pour faire les 45km (A/R) de son trajet domicile/travail. Son calcul est vite fait, il met à peine 10 minutes de plus à l’aller (un peu plus au retour puisque ça monte) que lorsqu’il prend sa voiture.

NDLR : j’ai posé la question du nombre de kilomètres parcourus. Il m’explique qu’en Trail les kilomètres ne veulent rien dire s’il n’y a pas d’indication de dénivelé. Voici donc en moyenne ses performances :

Course Trail : 2500km/an pour 100 000m de dénivelé +, « ça pique de la cuisse » comme le dit Michaël. Cyclisme : à peine 2000km/an 😀

Il fait aussi un peu de natation. Une activité qu’il a commencé pour faire de la rééducation suite à une blessure. Course à pied / cyclisme / natation, Michaël a fait quelques triathlons et (scoop) prévoit de faire prochainement un Ironman en montagne. Mais il trouve l’esprit de ces compétitions beaucoup trop dur et se reconnaît beaucoup plus dans le Trail.

C’est quoi l’esprit du Trail ?

Lors de son tout premier Trail, Michaël a beaucoup souffert pour être dans les finishers. Il se souvient de l’effort, mais surtout des encouragements des participants qui se sont arrêtés pour échanger quelques mots avec lui. Une participante a même pris le temps de lui faire un massage à l’arnica pour calmer les crampes qu’il avait aux cuisses. Et selon Michaël, plus la course est longue et difficile, plus l’entraide est forte. « Sur une épreuve de plus de 20h, on est plus à quelques minutes, alors on prend le temps de se soucier des autres. Finalement, très peu de personnes jouent un podium, l’exploit c’est déjà de finir le parcours. »

« En ville, tout le monde ne se dit pas bonjour, alors qu’en montagne, on salut des inconnus. Cette convivialité, on la retrouve aussi dans le Trail plus que dans le Marathon par exemple ». Selon Michaël, le Trail, c’est même l’idéal pour débuter. « Le sol des sentiers préserve plus les articulations que les routes en bitume. Les montées vont permettre de renforcer « en douceur » les tendons, les muscles, le souffle surtout si l’on est en surpoids. L’environnement est aussi un plus, on respire un air sain et si l’on doit faire une pause, on profite au moins d’un beau paysage. »

On ne va pas se mentir, il y a aussi quelques risques en Trail

Il y a d’abord les chutes qui sont fréquentes. « Si les montées ressemblent plus à de la marche forcée, les descentes sont quant à elles très rapides. Il faut lire le paysage très rapidement, se faire un parcours mentalement et bien trouver ses appuis. En fin de course, avec la fatigue on perd un peu de lucidité et on risque de belles gamelles. Lors de grandes courses, c’est rarement les muscles qui lâchent lorsque l’on est entrainé. Mais c’est tout le reste de l’organisme qui est aussi mis à rude épreuve. Le système digestif est perturbé par les mouvements, l’apport principalement liquide et même l’altitude. Et lorsque tout est bloqué, l’abandon n’est pas loin.

Des détails parfois anodins peuvent te forcer à arrêter une course. Michaël a dû abandonner l’Infernal Trail des Vosges (200km 10000m d+) un peu après le 140è km à cause de 2 énormes ampoules sous chaque pied.

Courir seul en montagne pour s’entrainer au petit matin, n’est pas sans risque non plus. Mais grâce à la montre connectée de Michaël, sa femme peut suivre en temps réel ses mouvements, sa localisation et ses données physiologiques. C’est rassurant pour tout le monde.

Sa montre et l’application STRAVA permettent aussi de faire des rencontres. Certains segments sont chronométrés et la photo de profil du meilleur temps est affichée sur ces tronçons. Michaël s’est longtemps mesuré avec un certain « Oli » pour dominer tous les segments de son secteur. C’est aujourd’hui un ami, avec qui il s’est lancé dans des aventures exceptionnelles (dont l’ascension du Mont-Blanc dont on parle plus bas).

L’aventure ou la compétition ?

Michaël me confie qu’il « n’a pas besoin d’un dossard » pour courir. Mais qu’il aime retrouver des amis lors des trails 2 ou 3 fois/an.

C’est finalement plus ce qu’il appelle des « gros projets » qui fait vibrer Michaël. En 2020, lors des confinements, il continuait son entrainement matinal dans les limites du kilomètre autour de chez lui. (Cf : photo)

Mais lorsque le confinement était levé, les évènements sportifs, comme les Trails étaient tous annulés. Cela n’a pas empêché Michaël et son pote Simon de s’organiser leur propre course avec un départ à 0h00 de BELFORT pour arriver 34h plus tard, 170km plus loin et avec 6000m d+ à FOUCHY. Ça fait sourire Michaël qui précise « qu’il n’y avait même pas d’hôtel à réserver ». Mais l’année suivante (2021) Michaël voulait s’attaquer à plus haut … alors il s’organise une ascension du plus haut sommet d’Europe.

Le Mont-Blanc en courant dans la journée !

Vous l’aurez compris Michaël aime les défis un peu fous. L’idée est de partir des Houches (1008m, le point le plus bas à côté du sommet) pour faire l’ascension du Mont-Blanc (4808m) et redescendre dans la journée.

Pas très raisonnable, sachant que pour une personne sportive, la même ascension à partir du Montenvers (1913m) et la descente se font en 3 jours.

Mais Michaël est aussi une personne censée, il va y aller avec son acolyte Oli (Oli-coaching) et Vincent, un guide de haute montagne et ancien Ultratraileur. Pour l’anecdote, ça n’a pas été simple de trouver un guide pouvant physiquement relever ce défi. Michaël va aussi limiter les risques en respectant la trilogie sacrée de la montagne : entrainement – équipement – météo !

La course démarre à 0h00 en short / t-shirt pour atteindre le sommet 10h30 plus tard en tenue d’alpiniste !

Le sac à dos bien chargé est d’ailleurs une sacrée contrainte pour Michaël, habitué à courir plus légèrement. Jusqu’à 3500m, Michaël ne connait pas trop de difficultés. De 3500m à 4000m, l’ascension est vraiment difficile. Mais les 800 derniers mètres sont vraiment très difficiles, Michaël ne peut plus s’alimenter. Mais il s’accroche et parvient au sommet pour vivre un moment magique. « C’est indescriptible, je n’ai pas de mot pour dire ce que l’on ressent là-haut. Avec Oli, on s’était préparé à vivre ce moment, mais c’était au-delà de ce que l’on pouvait imaginer ». Puis l’équipe redescend sur Chamonix pour terminer sa course à l’heure de l’apéro à 17h30 sur une terrasse. Bravo les gars !

Mik : c’est le gars qui court

Michaël embarque toute sa famille dans sa passion. Son père l’accompagne sur des courses Semi (21km) et régulièrement lors de Bike & Run. Sa femme participe aussi à certaines courses et assure souvent l’intendance lors de ses « gros projets » annuels. Ses 2 enfants Zoé et Ugo sont fans de ce papa hors normes. Michaël sait qu’il a de la chance d’être bien entouré. Il essaye de ne pas s’embarquer dans des aventures trop dangereuses pour rassurer sa femme et de ne pas trop empiéter sur sa vie de famille. Même si son rêve serait de retourner là-haut, sur le Mont-Blanc, avec ses enfants.

Au travail, Michaël surprend un peu ses collègues par son mode de vie et suscite l’admiration pour ses exploits. Mais il garde la tête froide et partage ses anecdotes glorieuses et celles qui le sont moins. En temps normal, c’est un collègue agréable. Il est juste plus difficile à supporter lors des rares moments où il est privé de sport comme lors de sa blessure.

Michaël n’a pas fini de courir. Il a un bel avenir sur les trails longs ou l’expérience compte (la moyenne d’âge est assez élevé sur ces courses). Il n’aime pas rester sur un échec et prévoit de refaire et terminer L’Infernal Ultratrail des Vosges !

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